Pourquoi y a -t-il une méfiance persistante face à la prise de médicaments? Sommes-nous ''surmédicamentés'' ?
Qu'est-ce que la médecine traditionnelle peut offrir aux gens souffrants de détresse psychologique?
Tout d'abord, il faut comprendre que la prise d'antidépresseurs a augmenté de façon vertigineuse depuis les dernières décennies. Certains diront que c'est une question d'argent, une affaire mercantile, que les compagnies pharmaceutiques cherchent à faire du profit sur le dos de patients qui n'en ont pas réellement besoin.
En fait, selon, moi, tout repose à la base sur une question de confiance envers votre médecin traitant. J'estime qu'au départ, celui-ci devrait normalement faire un portrait général de votre état et s'enquérir de vos habitudes de vie, telles que l'hygiène de sommeil, l'alimentation, etc. De plus, vous pourriez demander à votre professionnel d'évaluer si des prises de sang auraient la possibilité de s'avérer nécessaires, afin de vérifier si d'autres facteurs biologiques sous-jacents seraient en mesure d'expliquer votre état Ainsi, si ce dernier, après une évaluation complète de votre état et de vos symptômes, vous prescrit des antidépresseurs, il faut savoir qu'il a une éthique professionnelle à respecter et que les médecins ne sont pas des ''vendeurs de pilules''.
Vous recevez une prescription d'antidépresseurs et vous doutez qu'ils soient nécessaires? Rien ne vous vous empêche d'aller consulter un autre médecin, afin d'avoir un second avis professionnel. Si les compagnies pharmaceutiques développent des antidépresseurs, c'est pour répondre à une demande bien présente. On ne peut pas nier que les problèmes liés au stress, à la dépression et à l'épuisement professionnel soient bien présents et augmentent de façon continue dans la société. Mais la médication est-elle la seule solution?
Certainement pas! À mon avis, un médecin bien avisé vous proposera la prise d'antidépresseurs en combinaison avec une psychothérapie, afin de travailler avec efficacité les mécanismes de pensées et les perceptions qui ont mené à la dépression ou à l'épuisement. Sinon, le risque de rechute reste très élevé. De plus, il veillera à vous suggérer de modifier certaines habitudes de vie malsaines qui pourraient potentiellement avoir un impact négatif sur votre humeur, comme la consommation d'alcool, une mauvaise hygiène de sommeil, une alimentation néfaste, l'inactivité physique et l'isolement social.
Hors, il faut également considérer qu'il existe une grande variété de médicaments traitant la dépression. Donc, il est fort possible que le traitement proposé au départ doive être revu ou réajusté en cours de route. Selon mon expérience, la médication est un outil pertinent et souvent absolument nécessaire, lorsqu'on fait face à une dépression sévère et profonde. En effet, si on s'aperçoit qu'on a des idées noires, que ce qui nous apportait du plaisir ne nous intéresse plus et qu'on ne ressent plus de joie, alors la situation peut s'avérer urgente et nécessite parfois une intervention rapide. Or, n'oublions pas que les effets positifs des antidépresseurs peuvent parfois prendre de trois semaines à deux mois avant d'agir pleinement! Bref, rien ne sert de trop attendre.
Je tiens également à préciser ici quels peuvent être les effets que l'on ressent, lorsqu'on prend des antidépresseurs au quotidien. Contrairement à la croyance populaire, les antidépresseurs ne vous transformeront pas en zombie, ils n'ont pas nécessairement une action tranquillisante, bien au contraire, selon mon expérience. En fait, je crois qu' ils ont un effet stabilisateur général . Ainsi, si vous êtes trop anxieux, ils pourraient avoir la possibilité de vous aider à vous calmer et à vous recentrer. Par ailleurs, si vous êtes apathique et d'humeur sombre, ils pourraient vous aider à vous activer et à vous mobiliser. Tout dépend de la composition et de l'action chimique du médicament choisi en fonction de vos besoins.
En fait, j'estime que ces médicaments aident à prendre le recul nécessaire pour arriver à réorganiser ses pensées problématiques. Sans eux, la thérapie risque d'être plus longue et il sera peut-être beaucoup plus ardu de mettre en application les stratégies proposées par votre thérapeute, surtout si vous souffrez mentalement de façon aigüe et depuis longtemps.
À mon avis, Il faut imaginer les antidépresseurs comme une paire de lunettes qui nous aide temporairement à mieux voir la réalité. En effet, pour faire une comparaison, prenons l'exemple d'un individu myope francophone qui s'inscrit à un cours pour apprendre la langue chinoise. On peut facilement imaginer qu'il serait certainement plus difficile pour lui d'apprendre à lire le chinois sur un lointain tableau de classe sans ses lunettes de vision! Or, dans ce parallèle, il faut voir la nouvelle langue comme l'apprentissage d'une restructuration cognitive des mécanismes de la pensée, l'enseignant comme le thérapeute et la médication comme des lunettes pour y voir plus clair, à court, moyen ou long terme. Car rien n'est permanent ici. Il ne s'agit pas d'une condamnation à vie! Vous pouvez décider de mettre fin au traitement médical, lorsque votre situation s'améliore, en partenariat avec votre médecin, bien entendu.
En terminant, je tiens à réitérer que cet article ne fait aucunement office de recommandation médicale ou thérapeutique d'aucune sorte. Il ne s'agit que de mon point de vue personnel, en regard de la médication. Ce que j'ai retenu à travers mes expériences et mon parcours, c'est qu'il ne faut pas surtout pas hésiter à parler avec son médecin de la détresse psychologique, de l'anxiété, de la fatigue ou du désintérêt général manifeste que l'on peut ressentir. Votre médecin pourra ainsi vous aider et vous soutenir dans le traitement le plus approprié pour vous dans un contexte donné.
Il ne faut par laisser les idées négatives préconçues ainsi que les ragots populaires non-fondés nous empêcher de choisir d'agir pour guérir maintenant!
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